Il a bien secoué le milieu cinématographique français, ce 7 décembre dernier. Diffusée sur France 2, l’émission Complément d’enquête présentait un épisode intitulé Depardieu: La déchéance de la bête, mettant en lumière les termes offensants et sexistes usités par l’illustre Gérard Depardieu lors d’un séjour en Corée du Nord en 2018.
Depuis 2020, l’acteur 74 ans est accusé de deux viols et fait face à une plainte pour agression sexuelle. Son image a pris, par conséquent, une forte connotation politico-médiatique. Les conséquences sont si importantes que, ce lundi 25 décembre, cinquante artistes ont rallié leur signature à une tribune publiée sur un site appelant à mettre fin à l’« acharnement » que subit la vedette de cinéma.
Au rang des soutiens figurent des noms familiers tels que Benoît Poelvoorde, Carole Bouquet ou encore Charlotte Rampling , des sensations musicales comme Carla Bruni, des cinéastes reconnus et des producteurs influents. Tous ont tenu à rappeler que « Depardieu incarne probablement le sommet du jeu d’acteur, le dernier titan du cinéma » et qu’« à travers son talent exceptionnel, il contribue au prestige artistique de notre pays ».
Ces personnalités partagent la vision que « s’il n’était pas ce colosse du cinéma qu’il est », Gérard Depardieu n’aurait pas subi la vague déferlante de haine qui l’écrase, sans distinction, dans une confusion totale et malgré une présomption d’innocence à laquelle il aurait eu droit, comme n’importe qui ». « Attaquer Gérard Depardieu de la sorte, c’est s’en prendre à l’art lui-même », continuent-ils, rappelant ensuite ses collaborations avec des cinéastes de renom tels que « Truffaut, Pialat, Ferreri, Corneau, Blier et Bertolucci » et ses performances dans des œuvres de « Molière, Marcel Aymé, Bernanos, Marguerite Duras ».
Ils poursuivent en affirmant : « Se priver de cet acteur immense serait un drame, une défaite. La mort de l’art. La nôtre. (…) On ne peut ni ne veut s’en passer. » En fin de compte, les signataires rappellent que « le reste, absolument tout le reste, est une affaire de Justice ; rien que la Justice. »
Coincidence des sentiments entre les artistes et le président Macron
L’on pourrait penser que le début d’une certaine coordination se dessine quand on compare les propos du Président Emmanuel Macron à ceux des cinquante artistes qui ont récemment signé une tribune de soutien à Gérard Depardieu. En effet, lors de son apparition sur le plateau de l’émission C à vous le mercredi 20 décembre, le président a exprimé une opinion similaire à celle des signataires.
Le Président a exprimé sa réticence à prendre part à ce qu’il estime s’apparenter à une « chasse à l’homme. » Après avoir honoré l’exceptionnelle carrière de Depardieu, qu’il considère comme « un génie de son art » , il a tenu à clarifier les accusations portées contre l’acteur.
Il a notamment déclaré :
« Non mais attendez, moi je suis là aussi inattaquable sur la lutte contre les agressions faites aux femmes et pour l’égalité femmes-hommes, ce sont les deux grandes causes de mes deux quinquennats, donc je continuerai de me battre. Mais j’aime bien que ça se fasse en bon ordre et que nos valeurs soient respectées. Dans nos valeurs, il y a la présomption d’innocence et on ne peut pas commencer à juger n’importe qui au tribunal public«
Une phrase très en phase avec ce que soulignent les signataires de la tribune. Cette coalescence des sentiments souligne une fois de plus l’intense polémique entourant l’affaire Depardieu et son impact sur l’ensemble du théâtre français.