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Quand Un Facteur S’Emmêle Les Plis
Une affaire surprenante secoue la Poste : un facteur, dépassé par ses tournées, a entreposé pas moins de 13 000 lettres chez lui. Cette histoire a été confirmée mardi 23 juillet par le parquet de Vienne et l’agence Radio France, relayant une révélation du Dauphiné Libéré.
« Les courriers non distribués ont été découverts au domicile du mis en cause à l’occasion d’une enquête judiciaire », révèle Delphine Moncuit, vice-procureure de Vienne. L’histoire commence par un signalement de la femme du facteur, inquiète d’un katana que son mari gardait à domicile. Les gendarmes de l’Isle-d’Abeau, lors de leur perquisition, tombent alors sur des montagnes de courriers dissimulés dans le garage.
Abus de Confiance et Problèmes d’Apprentissage
Convoqué pour « abus de confiance » au tribunal en janvier prochain, l’homme a avoué aux enquêteurs qu’il avait accumulé ces lettres pour éviter de se faire remarquer par ses supérieurs. Lorsqu’il était en apprentissage, il espérait obtenir un CDI et a préféré taire ses difficultés plutôt que de les signaler.
Les gendarmes, qui ont découvert la situation par pur hasard, n’en revenaient pas. Une perquisition qui devait initialement vérifier la présence d’une arme s’est transformée en découverte d’une véritable montagne de correspondances en attente d’acheminement.
Sanctions Sévères et Réactions Syndicales
Le facteur, mis à pied par La Poste et poursuivi pour abus de confiance, sera jugé en janvier 2025. En parallèle, La Poste a pris l’initiative de distribuer enfin les lettres accompagnées d’un mot d’excuse à chaque destinataire. La suspension est immédiate pour l’employé, précisent les sources judiciaires de Vienne. Il risque gros lors de sa comparution pour reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC).
Olivier Peyroux, un facteur et responsable syndical de Sud PTT Isère-Savoie, exprime sans surprise que les conditions de travail sont fréquemment dénoncées : « Sans surprise, ce n’est pas la première fois qu’on s’aperçoit qu’il y a des facteurs, jeunes ou moins jeunes, qui craquent parce que les conditions de travail sont insupportables, sont très mal accompagnés, très mal formés quand ils arrivent à la Poste ». Il dépeint également des scènes de courriers abandonnés ou jetés, relayant des échos de ces pratiques.
Selon lui, la difficulté du travail à La Poste ne cesse d’augmenter avec des réorganisations infligées régulièrement : « Le métier devient de plus en plus compliqué, tous les deux ans on a des réorganisations qui augmentent la taille des trajets, de tournées, du nombre de colis, de lettres. C’est souvent surdimensionné par rapport à la vraie charge de travail. » Le facteur risque jusqu’à 45 000 euros d’amende et trois ans d’emprisonnement s’il est reconnu coupable.