Comment racheter une société d’e-commerce : les critères à évaluer

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Audacia : le pari gagnant des sociétés « ennuyeuses »

L’e-commerce français est en pleine effervescence. En 2023, le secteur a atteint un chiffre d’affaires record de 159,9 milliards d’euros, soit une croissance de 10,5% par rapport à l’année précédente, d’après la Fédération du e-commerce et de la vente à distance (FEVAD). Un marché en plein essor donc, riche en opportunités pour les entrepreneurs envisageant de reprendre des entreprises d’e-commerce.

Se lancer dans une telle aventure requiert toutefois une stratégie bien définie et une compréhension approfondie des critères essentiels d’évaluation. Tout comme il est primordial de pouvoir saisir et anticiper les futures tendances du secteur afin de maximiser son retour sur investissement.

Quels sont alors les critères à évaluer lors de l’acquisition d’une société d’e-commerce ?

Avant toute chose, il convient évidemment d’évaluer la rentabilité et la santé financière de l’entreprise. “C’est le critère numéro 1” indique Alexandre Bonvin, fondateur d’Audacia, la holding d’investissement spécialisée en e-commerce. “la rentabilité est un critère non négociable. Nous n’investissons pas dans des startups qui perdent de l’argent, à moins qu’il y ait vraiment une très bonne raison derrière.” Au-delà de la performance financière immédiate, la fidélité de la base de clients et le trafic web jouent un rôle majeur.

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Car non seulement ces éléments sont des indicateurs clés de performance, mais aussi une valeur clé lors d’un éventuel rachat. Acquérir de nouveaux clients peut, selon les cas, s’avérer extrêmement coûteux, surtout en partant de zéro. “Pour ma part, je préfère ne pas me disperser et aller partout. Tout ce qui est fashion, c’est très sexy. Tout le monde veut se lancer là-dedans. Mais les coûts d’acquisition des clients sont monstrueux, avec des marges qui sont assez faibles, en particulier au démarrage”, commente Alexandre Bonvin.

Il souligne également l’importance de la temporalité des produits ou services : « Je n’investis pas dans des boîtes où je me dis ‘dans 5 ans, ce ne sera plus trendy et les gens ne vont plus acheter ce produit’. Nous investissons tout de même beaucoup de temps, d’argent et d’énergie pour développer un produit ou une marque.

Il faut pas que d’ici 5-10 ans, le produit soit has been et qu’on recommence tout à zéro. » Un autre élément souvent négligé, mais à bien considérer selon le fondateur d’Audacia, c’est l’infrastructure logistique de la société que l’on s’apprête à racheter. Il faut examiner les capacités de stockage, les partenariats de livraison et l’efficacité des processus logistiques de l’entreprise afin de réellement évaluer sa capacité à répondre à la demande.

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Mais il est tout aussi capital de cibler des acquisitions que l’on sera en mesure de pouvoir intégrer et faire progresser “Typiquement, ce qui est food, grande consommation, je n’y touche pas. Parce qu’en termes de logistique, c’est foncièrement compliqué. On m’en propose souvent, il y a beaucoup de start-ups, surtout en France, qui sont lancées là-dedans, mais je n’y touche pas.”

Pourquoi investir dans des sociétés de niche ?

Investir dans des sociétés de niche présente plusieurs avantages stratégiques. Alexandre Bonvin en est un exemple concret, ayant racheté avec succès KissKiss, une entreprise de sextoys, et consolidé des sociétés de voyance. Ces entreprises, trop petites pour attirer les fonds d’investissement, et souvent perçues comme « ennuyeuses », bénéficient d’une concurrence réduite et de coûts marketing plus faibles.

Elles offrent également la possibilité de faire des erreurs sans affecter significativement les marges, ce qui constitue un atout majeur dans un marché compétitif. « Ma philosophie est de tester rapidement, d’observer les résultats, d’arrêter si ça ne fonctionne pas, puis de recommencer. C’est ça, notre approche de l’acquisition d’entreprise, et c’est ce qui plaît aux vendeurs », explique Alexandre Bonvin. Pour lui, les sociétés de niche représentent une opportunité stratégique de consolidation et d’optimisation.

La stratégie n’est pas neuve, elle consiste à rassembler plusieurs petites entreprises pour former une entité plus grande et plus efficace, permettant ainsi de mutualiser les ressources, d’optimiser les opérations et de bénéficier d’économies d’échelle. « Je préfère me concentrer sur les verticales que nous avons déjà en interne, en rachetant des sociétés actives dans un même secteur, mais dans différents pays », explique-t-il.

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Quelles évolutions possibles pour l’e-commerce?

Quelles perspectives pour l’e-commerce ? Alexandre Bonvin nous offre quelques pistes de réflexions. L’e-commerce traverse une période de transformation profonde, marquée par des tendances clés. L’intelligence artificielle, par exemple, offre des perspectives prometteuses pour optimiser les chaînes d’approvisionnement et améliorer l’expérience client grâce à des recommandations personnalisées, ouvrant ainsi de nouvelles opportunités pour accroître l’efficacité et la rentabilité. En parallèle, le modèle du dropshipping, bien que largement adopté durant la pandémie, est susceptible de perdre du terrain face à la demande croissante des consommateurs pour des livraisons rapides et une transparence accrue sur l’origine des produits.

Le marché de l’e-commerce semble également se diriger vers une phase de consolidation, nous indique Alexandre, où les petites entreprises seront absorbées par des acteurs plus grands et plus stables. Cette tendance favorisera les économies d’échelle et l’optimisation des opérations, notamment grâce à l’IA. Enfin, les plateformes de vente sociale, telles qu’Instagram et TikTok, deviennent des canaux de vente incontournables. Les entreprises d’e-commerce doivent impérativement renforcer leur présence sur ces plateformes pour capter l’attention des consommateurs et dynamiser leurs ventes.

 

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