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Le politologue et historien franco-allemand, qui a joué un rôle clé dans la coopération et la réconciliation entre l’Allemagne et la France au XXe siècle, s’est éteint à l’âge de 99 ans. C’est ce que sa famille a partagé à l’Agence France-Presse le jeudi 8 février, corroborant des informations parues dans certains journaux.
« Nous perdons l’un des ténors de la scène intellectuelle, dont l’influence a remarquablement façonné notre perception de la réconciliation franco-allemande, de Paris à Francfort. », a exprimé Cornelia Woll, présidente de l’école Hertie de Berlin. François Delattre, ambassadeur de France en Allemagne, a partagé ces sentiments, signalant notre deuil d’une figure incontournable qui a su, grâce à son humanisme, être le pont nécessaire entre nos deux nations.
Tous les acteurs de l’amitié ����-���� sont orphelins aujourd’hui. Alfred Grosser était un pionnier intransigeant du ����-����, un trait d’union prégnant d’humanisme entre nos deux pays et une profonde source d’inspiration. Pensées chaleureuses pour ses proches.
— François Delattre (@Amb_Delattre)
Alfred Grosser, fervent européen né en Allemagne et devenu français en 1937, n’était pas seulement connu pour ses travaux en politologie. Son parcours académique célèbre, notamment à l’Institut d’études politiques (IEP) de Paris, et son rôle actif en tant que chroniqueur pour plusieurs journaux, sont des preuves de son engagement et de son amour pour son pays d’adoption. Originaire d’une famille juive réfugiée en France après avoir quitté l’Allemagne en 1933 suite à la mort du père d’Alfred Grosser, ce dernier a su s’intégrer et laisser sa marque indélébile dans son pays d’accueil.
Un observateur perspicace de l’échiquier politique
Outre sa contribution en tant qu’agent de liaison franco-allemand, dont la dimension capitale ne saurait être oubliée, Alfred Grosser a également tenu un poste notable en tant que secrétaire général du Comité français d’échanges avec l’Allemagne nouvelle. Il a en parallèle dirigé sa publication intitulée Allemagne et a également assumé la présidence du Centre d’information et de recherche sur l’Allemagne contemporaine (Cirac).
Cet homme de lettres et d’influence ne s’est pas cantonné à ces rôles distants. Il imprimé sa marque de manière très tangible dans la presse française en tant que chroniqueur politique dans des quotidiens de renom tels que Le Monde et La Croix, mais également sur le plan régional avec le journal Ouest-France et le magazine économique L’Expansion.
Un auteur prolifique
Alfred Grosser était aussi un individu qui aimait traduire ses pensées et ses idées en mots, une passion qu’il a mise en pratique au fil des ans avec la publication de nombreux ouvrages. Parmi ceux-ci figurent Affaires extérieures: la politique de la France depuis 1944, Hitler: la presse et la naissance d’une dictature, L’Allemagne de notre temps, La IVe République et sa politique extérieure, Regard athée sur les chrétiens, La Joie et la Mort. Bilan d’une vie et La France, semblable et différente.
Une vie aux mille facettes
Homme de cœur, père de quatre enfants, Alfred Grosser nourrissait une passion profonde pour la musique classique, une passion qui l’a conduit à devenir président du Forum Voix étouffées (FVE). Ce forum œuvre pour la redécouverte de musiciens victimes des totalitarismes du XXe siècle, notamment du nazisme. Une initiative qui souligne encore une fois son attachement à la reconnaissance et à la réconciliation.
Source : AFP